La traçabilité des voix off dans les médias
Dernière mise à jour : 7 févr. 2022

©Scientific Euphoria - Kirell Benzi
Depuis septembre 2021, je suis membre du comité Romand de l'Association Suisse des Speakers et cette "responsabilité" m'a donné la possibilité de lancer un premier chantier.
Ce travail, ne serait-ce qu'a l'échelle Suisse, s'avère colossal parce qu'il n'existe absolument rien pour identifier les voix off ayant participé à une production. Partant de ce constat et prenant en compte qu'il existe un équivalent pour la musique au sein de la SUISA, je me suis lancé dans un travail de fond afin de relier toutes les instances dédiées à récupérer les droits voisins en Suisse. Pour notre domaine de compétence il s'agit de la SIG. Société soeur de SWISSPERFORM. Ces sociétés à buts non lucratif, sont sous la tutelle de l'IPI (organe de surveillance). Elles perçoivent les droits de diffusions et les droits voisins, et les redistribuent aux acteurs. Pour les voix off, cela se fait par le biais d'une déclaration en ligne, facile d'accès et très efficace. On obtient un numéro de membre et c'est aussi rétroactif sur les 5 dernières années. Si vous avez réalisé des prestations de voix off et que vous souhaitez être représenté en Suisse (et que vous n'êtes pas inscrit en France par exemple à l'ADAMI), vous pouvez en faire la demande directement sur le site de la SIG.
Je n'ai jamais remis en cause le système de déclaration au sein de la SIG qui fonctionne parfaitement et la redistribution -bien que le calcul soit compliqué à comprendre- est régulière. Il faut simplement respecter les délais.
En revanche si une production souhaite utiliser votre voix sans vous prévenir, donc frauduleusement au yeux de la loi, il n'existe aucun moyen de le savoir. À moins de rester derrière la TV et de scruter toutes les vidéos Youtube ou Facebook, vous ne serez jamais prévenu d'une quelconque réutilisation. C'est donc du vol et c'est répréhensible juridiquement.
En 2022, les outils numériques existent pour palier à cela. C'est évident. Mais après de très nombreuses discutions, réunions, mails et tutti quanti, on obtient souvent la même réponse. C'est trop cher. Et Biiiiiim !
Oui, j'admets platement que cela a un coût et comme dans la médecine, on doit ici parler de bénéfices/risques. Ou plutôt d'investissements/rendements. Et les rendements pour les performeurs sont très peu significatifs, c'est vrai. Mais c'est avant tout un droit. Au regard de la loi, les productions n'ont pas le droit d'utiliser à notre insu nos prestations sans nous prévenir.
Lorsque vous souhaitez utiliser un morceau de musique pour un vidéo promotionnelle, vous êtes légalement tenu de faire une déclaration sur le site de la SUISA. Un numéro y est adossé et il est donc possible de le tracer et de faire remonter des infos précises sur son utilisation. L'IPI en est consciente et me soutien pour le moment dans mes nombreuses démarches.
Le travail engagé a produit un gros document disponible pour l'instant uniquement pour les personnes directement impliquées dans ce travail de fond, mais je le mettrai bientôt à disposition afin que tous puissent le consulter et bien comprendre la complexité d'un tel projet.
Je tenais simplement ici à lancer mon premier post sur ce blog. Après plus de vingt ans d'expérience dans ce métier, il était temps que je m'implique un peu plus afin que nous soyons mieux reconnus.